Par la sculpture et la photographie, Cannelle Preira interroge les relations entre le corps et les objets ou l’architecture.

L’artiste explore la complicité que l’on peut entretenir avec les objets à travers différentes séries de sculptures portables et manipulables, notamment Les Osselets. En porcelaine ou en cuivre, ces petits objets présentent des courbes et contre-courbes qui épousent les interstices entre les doigts. Ils invitent à un toucher ludique et instinctif et à une appropriation très personnelle.

Le ludique infuse encore ses recherches lorsqu’elle pose son objectif sur les Aires de Jeux*. À l’aide de cadrages resserrés, elle isole les matières familières à l’enfance comme les granuleuses dalles amortissantes ou encore les cordes en polyester élimé. Cette collection photographique de formes élémentaires et de sensations colorées nous éloigne souvent d’un terrain de jeu incarné pour nous guider vers un univers pictural plus abstrait, ponctué d’éclats lumineux et dépourvu d’angles droits.

À nouveau l’humain est évoqué sans être figuré dans l’installation Mon Château qui met en relation le château et le HLM en se concentrant sur les halls d’accueil. Avec des relevés photographiques et la création de volumes en calcaire et marbre coloré, l’artiste souligne l’absence de la pierre dans ce type de constructions industrielles et dans la vie de ses habitants. En transposant le design économique pensé pour l’industrie dans des matériaux nobles, et en prenant le temps du travail artisanal, elle figure son attachement aux lieux.

Si les recherches de Cannelle Preira convoquent régulièrement l’enfance et la subtilité des sensations vécues à cet âge, elles sont de plus en plus traversées de questionnements sociologiques, politiques et culturels, dans un esprit proche des œuvres de Lygia Clark, Simon Boudvin, Polina Panassenko ou encore Seumboy Vrainom​.


*Projet mené en duo avec l’artiste Théo Leteissier